Ça sera pour une autre fois…
Douleur,
Une tache de sang dans ma culotte, minime, légère,
La journée passe sans trop d’inquiétude, pas de sang,
Mercredi soir
Une tache de sang, plus importante, à peine rosée, de la taille d’une pièce de monnaie,
Appel hôpital, on me dit d’attendre, de venir dans la nuit si ça va mal,
On réfléchit, j’habite trop loin pour prendre la voiture, trop loin pour attendre,
Tant pis, appel de l’ambulance,
Trajet pluvieux, un bel arc en ciel, je croise les doigts pour un bon présage (ça marche jamais ces conneries…)
Arrivée à l’hôpital, échographie, verdict sans appel : l’embryon a cessé de se développer à 1,7 cm (début de 7e semaine de grossesse), j’entend à peine ce qu’il me dit, je comprend plus le français, hélas si…
On m’explique que je vais rester là cette nuit, que demain on me fera un curetage que c’est plus prudent, on me laisse seule dans une pièce sombre, longtemps, longtemps, longtemps…
Téléphone à mon amour, sa voix se brise, je suis brisée, j’ai envie de fumer une cigarette, de fuir, de rebrousser le temps, une sage femme passe, tente de me rassurer « vous en aurez un autre » j’ai envie de lui demander « je peux en acheter un tout de suite pour remplacer ? », je me retient, mon humour est toujours en vie même à ce moment là, j’ai honte je devrais pleurer…
On me trouve enfin un lit après des minutes qui ont duré des heures, ma compagne de chambrée heureusement n’est pas enceinte elle attend une opération de l’utérus, on doit lui enlever, j’entend des bébés au loin, je sors dans le couloir téléphoner, je croise une jeune maman et son bébé qui me fait un grand sourire complice, j’ai envie de vomir, je sors fumer une cigarette (ou deux…)
J’essaye de dormir, je me réveille en pleur, j’ai fais un cauchemar (j’ai rêvé que je courrais dans l’hôpital et qu’il n’y avait personne, au bout de plusieurs kilomètres, je trouve un docteur, je lui demande mais pourquoi je suis là et il m’annonce la perte de mon bébé, je m’effondre en larme et me réveille…)
Jeudi matin
Je suis en colère, je ne vois personne, je ne sais même pas quand je suis opérée, quand je sors,
On vient me dire que je ne serais pas opéré avant l’après midi, alors que je ne peux ni boire ni manger depuis minuit, une femme passe pour les papiers administratifs, elle me dit que je suis ici pour un suivi de grossesse, j’explose ma colère, elle repart penaude,
Vers 10 heures, un brancardier arrive et m’annonce que l’on part en salle, j’ai même pas le temps d’appeler mon amour, ni de faire pipi, je me demande si je vais leur pisser dessus quand ils m’auront endormi,
L’anesthésiste me fait mal en m’enfonçant l’aiguille dans la main, je sens que je pars, c’est flippant d’habitude je sens à peine l’aiguille, ça dure des secondes qui durent des minutes…
Réveil, c’est fini, tout s’est bien passé, ça me fait une belle jambe, mais bon vaut mieux ça que…
J’ai faim, me faudra attendre jusqu'à 14 h, mon amour arrivera aussi vers cette heure, j’ai hâte de le voir,
Jeudi après-midi
Vers 16 heures on m’annonce que je sors, j’ai hâte, je supporte plus cet endroit, un VHL (véhicule léger hospitalier) vient me chercher, le conducteur est marrant, il drague toutes les filles que l’on croise, il matte tout ce qui bouge en faisant des commentaires, il m’arrache un sourire,
Retour à la maison, enfin, entière moins un, mais au moins à la maison,
Plus tard
Je ne sais pas encore ce que je vais faire de ce blog, peut-être j’aurais envie d’écrire sur cette fausse couche, dans les semaines à venir. Je ne le ferme pas encore, écrire sur cette aventure me fait du bien, autant continuer à me faire du bien quelques semaines encore…
Puis j’ai espoir de pouvoir revenir vite pour un deuxième essai, peut-être pour vous raconter mon attente, mes courbes de température, le résultat mois par mois de mes règles…et un jour que j’espère rapide remettre une photo d’un test positif.
Bref, je ne sais pas trop encore…on verra au grès de l’envie d’écrire, je ne forcerais rien…
Merci de m'avoir lu et de m'avoir accompagner toutes ses semaines...